Derniers jours, au coeur des cordillères

Pour (bien) finir ce voyage, nous avons décidé de passer nos derniers jours entre les Cordillères noire et blanche, entre Caraz et Huaraz. La Cordillera Blanca, avec son chapelet de sommets de plus de 6000 m couverts de neiges éternelles, est la plus réputée ; mais les montagnes de la Cordillère Negra ne sont pas en reste, dépassant facilement les 4000 m... Ce coin n'était pas totalement une nouveauté, puisque c'est dans par ici que Sylvère avait passé pas mal de temps il y a 6 ans, en compagnie du sieur Jm.
De Cajamarca, nous avons décidé d'emprunter le chemin des écoliers : plutôt que prendre la route la plus rapide, nous sommes passés par le Cañon del Pato. Malgré un nom guère impressionnant (littéralement, le "canyon du canard"...), cette route spectaculaire monte depuis Chimbote, sur la côte, jusqu'à Caraz, en se faufilant dans ce cañon totalement minéral, se rétrécissant à quelques mètres de large en certaines zones, et au fond duquel coule le Rio Santa, un des rares fleuves péruviens se déversant dans le Pacifique (et non dans l'Amazone). Une route qui ne plairait pas à certaines d'entre vous !

Le Cañon del Pato

Arrivés à Caraz le dimanche 14 juin dans l'aprèm, nous avons surtout flâné les deux premiers jours : visite du site archéologique de la ville, Tumshukaiko, déjeuner dans une ferme piscicole (truites), glaces sur la jolie place d'armes, blog... Il faut dire que Caraz est une petite ville bien agréable, car très tranquille (très peu de touristes) et dans un cadre grandiose : elle est surplombée du Huandoy et du Huascaran, deux 6000 m majestueux.

Le lomo saltado, plat national péruvien
Le Huandoy
Notre hostal à Caraz, le "San Marco"
La place de Caraz
A droite, des avocats de taille normale...

Repas truite (ceviche et "chicharrones" = friture)
Papas a la huancaina
Le picante, sauce au piment aux mille déclinaisons toujours servie avec le repas
Balade sur le site archéologique de Caraz
Musée de Caraz

Il y en a qui vont être contents, d'autres déçus...



Les jours suivants ont été plus sportifs, avec une belle balade vers la Laguna 69 (non ce n'est pas Marie qui a inventé ce nom...) et les lagunas Llanganuco (malheureusement sous les nuages et la pluie fine...) ; un retour sur le site archéologique étudié par Sylv et son ami il y a quelques années, Pueblo Viejo ; et une belle "balade" à vélo - en fait quasi que de la descente : 2000 m de dénivelé négatif dans la Cordillère noire, cette fois avec un temps génial et une vue superbe sur la Cordillère blanche. Mais au final on était bien nazes, surtout que nos bécanes n'étaient pas de première jeunesse et donc pas très confortables... En tout cas la route en lacets pour monter au col, accrochée précairement aux flancs abrupts tombant plusieurs centaines de mètres plus bas, aurait glacé d'effroi nos mamans...

Retour à Pueblo Viejo
Ceci n'est pas un ancien village, mais plein de chulpas (tombes) !!!

Arrivée à la Laguna 69

Dernière danse ...



Dommage, c'est légèrement couvert...

Une des Lagunas Llaganuco


On reprend le vélo !!


Ça tourne !!
L'Alpamayo
Le vendredi, après avoir pris un dernier petit déjeuner au café "El Turista" (il y en a au moins un à qui ça rappellera des souvenirs !), nous sommes passés rapidement à Huaraz pour faire un tour au marché et réaliser quelques emplettes, puis dans la foulée nous avons poursuivi jusqu'au village de Chavin, de l'autre côté de la Cordillère blanche, dans le Callejón (= vallée) de Conchucos.

Petit déj' au café "El Turista"

Au menu, encore du site archéologique ! Ce coin est connu comme le centre de développement de la culture Chavin, considérée comme la première grande culture sud-américaine, qui avait étendu son influence du nord au sud du Pérou, entre 1200 et 300 avant J.C.. La seule grande structure connue de cette culture est justement le temple Chavin de Huantar, ayant servi de centre cérémoniel. Le site en lui-même est impressionnant, car extrêmement bien conservé, grâce à un glissement de terrain qui a totalement recouvert le site jusqu'à sa découverte, il y a un peu plus d'un siècle. Il est composé de deux grandes places et de plusieurs temples de type pyramide tronquée, au coeur desquels plusieurs séries de corridors labyrinthiques sont encore en parfait état. Le but de ce lieu était d'impressionner les fidèles, grâce à un incroyable système de canaux passant sous les places et dans les temples, produisant des sons modulables (rugissements de jaguars, musique ...), et qui permettaient en outre d'inonder / drainer ces même places (pour les transformer en miroirs pour des observations astronomiques), etc. L'intérieur des temples était également éclairé (faiblement) par un ingénieux ensemble de petites ouvertures en série.

Le site Chavin de Huantar (place principale et temples en arrière-plan)
Dans les mystérieux couloirs des temples
Canal avec des trous pour moduler le son (comme une flûte !)
La visite a été d'autant plus passionnante que notre guide était aussi guide spirituel et chaman, nous apportant donc une vision plus "spirituelle" du site, notamment sur l'utilisation du cactus de San Pedro, une plante aux effets psychotropes qui était au centre des cérémonies de la culture Chavin, permettant aux sacerdotes et initiés de quitter le monde réel pour accéder à celui des divinités. Cette plante est encore utilisée aujourd'hui (parfois par les touristes à la recherche de sensations fortes). Bon certes, certaines fois ses propos étaient un peu trop extrêmes pour nous, mais ça a été très intéressant d'en apprendre plus sur cet aspect de la culture andine encore vivace aujourd'hui.

L'abus de San Pedro est mauvais à la santé !
Un Inka Kola (LA boisson nationale) bien dégueu pour se rafraîchir !

Après cette belle excursion culturelle, retour dans le Callejon de Huaylas, et plus précisément à Huaraz, où nous avons passé les deux jours suivants.

Vue sur Huaraz depuis la terrasse de notre auberge...

Cuy = cochon d'Inde...

Le dimanche, nous sommes allés voir un dernier site archéologique tout près de Huaraz, Wilcahuain, où se trouvent de belles chullpas (tombes), puis nous sommes allés nous faire péter le bide dans un recreo campestre, sorte de gros restaurant rural, où les péruviens aiment aller passer le dimanche après-midi à manger et boire des bières. Au menu, de la pachamanca, équivalent du curanto chilote (pour ceux qui se rappellent !), à base de différentes variétés de patates, de humitas et tamales (deux types de purées de maïs, cuite dans des feuilles de bananier), et de viande de porc, boeuf et poulet : pas mal, mais très roboratif !

Site de Wilcahuain
Superman aurait-il un ancêtre pré-colombien ?
Euh, faut commencer par quoi ?!?
La pachamanca, tout en finesse
En fin de journée, nous sommes allés rendre visite aux soeurs Nelly et Libia, deux mamies adorables que Sylv et Jm avaient rencontrées par hasard (à la Poste) il y a 6 ans. Nous avons passé un moment très sympa en leur compagnie, puis celle de leur famille avec qui nous avons pris le thé. Dommage que nous n'ayons pas eu plus de temps à passer avec elles, d'autant que les deux soeurs sont très investies dans un beau projet d'aide à des personnes malades ou handicapées physiquement et / ou mentalement et sans ressources.

Avec Nelly et Libia

Pour notre dernier jour dans les montagnes, dernière chouette balade jusqu'à la laguna Churup, un joli lac, pas très loin au dessus de Huaraz, avant de reprendre le bus le soir pour l'ultime étape de notre voyage, Lima.



La Laguna Churup



De Chachapoyas à Cajarmarca

Après notre virée sur la côte nord du Pérou, nous sommes arrivés le 5 juin au matin à Pedro Ruiz, après une petite pause forcée pour cause de... glissement de terrain sur la route (en raison d'abondantes pluies dernièrement). Quel changement (bienvenu !) avec la région côtière, plate et aride, et son temps maussade ! Car nous voila arrivés dans la province Amazonas, aux portes de... l'Amazonie (sans blague), et bien qu'à environ 2000 m d'altitude, la végétation y est déjà tropicale, d'une luxuriance et variété incroyables. On s'est regalés, surtout que le temps a été bien plus ensoleillé que la semaine précédente.

Après avoir pris un taxi de Pedro Ruiz au petit village de San Pablo, nous avons commencé par une superbe balade d'une journée jusqu'à la cascade de Gocta, qui, avec ses 771m. est la troisième plus haute du monde ! En plus de cette incroyable chute d'eau, les paysages étaient très chouettes et le chemin, traversant plantations de canne à sucre, caféiers, bananiers etc et forêt tropicale, était super sympa. Par contre, après une journée de cheval la veille et une nuit dans le bus, les montées mais encore plus les descentes bien raides nous ont achevés : on a fini sur les rotules !






Au niveau de la première partie de la chute, 200 m et quelques


Le pied de la cascade, avec des gugusses pour vous donner une échelle
Caféier




Nous sommes arrivés le soir à Chachapoyas, charmante petite ville coloniale où nous avons atterri dans un petit hostel pas cher dont la quinzaine d'hôtes devaient représenter la moitié des touristes du bled : le nord, ça change décidément des hordes des alentours de Cusco ! Nous avons beaucoup aimé la ville, tranquille et agréable, où les gens sont en plus très sympas.


Cure de fruits tropicaux

Nous y sommes restés trois jours - plus que ce que nous avions prévu au départ - car, encore une fois, nous avons eu la chance de tomber pendant la fête du village, en l'occurrence le Raimy Llaqta (il faut dire qu'à cette période les fêtes traditionnelles abondent). Nous avons pu assister au défilé qui clôt une semaine de festivités, et qui rassemble cinquante communautés des alentours. Le principe est très intéressant, car chaque groupe, portant le costume typique de son village, fait des démonstrations (parfois volontairement comiques) de danses, mais aussi d'activités et d'artisanat qui caractérisent leurs communautés (pêche, agriculture, poterie...) de même que leurs spécialités culinaires qu'ils distribuent à la foule (ravie). Ce défilé, qui a aussi probablement des origines religieuses (chrétiennes mais certainement aussi pré-hispaniques), met ainsi à l'honneur (et contribue au maintien) des traditions distinctes de chaque communauté, et en même temps le discours qui l'entoure insiste sur le fait que ces traditions sont celles de toute la région - et plus généralement du Pérou, mettant en valeur le vivre ensemble.   



La pêche



Durant notre séjour à Chachapoyas, nous sommes également allés faire une petite balade à quelques kilomètres de la ville, le long du Cañon del Sonche, très joli ; à part ça, nous nous sommes baladés dans la ville, et avons pas mal glandouillé. Un soir, nous nous sommes offert une dégustation de liqueurs artisanales dont certaines à base de fruits inconnus au bataillon : onze GROS shots pour 12 soles, soit moins de 4 euros... et en plus elles étaient bonnes !! Nous avons par ailleurs testé les gâteaux au micro-onde (à défaut d'un vrai four) : un délice !

Cañon del Sonche

Les nazis sont passés par Chachapoyas ...
"Mug cake" : 50 secondes de cuisson top chrono !
Coeur banane - dulce de leche : miammm !

Nous sommes ensuite allés visiter avec une agence le site de Kuelap, citadelle de la culture chachapoyas (pré-inca) qui est parfois comparée au Machu Picchu à cause de sa position sur une arête rocheuse, et entourée de profondes vallées verdoyantes. On ne sait pas si c'est aussi bien, mais en tout cas la visite, bien tranquille, nous a vraiment plu : à l'année, le site reçoit environ 40000 visiteurs (ce qui représente le nombre de touristes au Machu Picchu en... environ 15 jours !) ! En plus de belles ruines, le lieu est encore en partie couvert de végétation. notamment différentes sortes d'orchidées très décoratives ! Petit bémol, il y avait dans notre groupe de touristes pas mal de beaufs, plus occupés à se prendre en photos à tout bout de champ  qu'à écouter le guide, dont un couple qui tenait leur petit... en laisse (Mélissa, tu aurais adoré !)...








Non non ce n'est pas le chien qui est en laisse ...

Le lendemain. nous avons fait une balade jusqu'au site de Revash, des tombes en forme de petites maisons accrochées dans une falaise. Touchant de voir à quel point les Anciens se décarcassaient pour leurs morts. Par contre, on a dû attendre un bon moment le bus pour continuer notre route jusqu'à Leymebamba, notre dernière étape dans la région ; heureusement, on avait un groupe de gamines curieuses, et une famille de Français sympas, pour faire la causette !



...



Nous sommes restés une journée à Leymebamba. Le matin, visite du musée, à l'architecture top, entouré de jardins magnifiquement fleuris (lamas inclus), et (presque accessoirement) à la collection intéressante, qui provient d'un site où furent découvertes, entre autres, plus de deux cents momies. Nous avons passé l'après-midi dans le petit café-terrasse d'en face, petit paradis tropical où nous avons pu observer des dizaines de... colibris (eh oui, encore eux !), de plusieurs espèces différentes, venant s'abreuver à la mangeoire à quelques mètres de nous. Spectacle enchanteur, parfois drôle car un petit chef voulait se garder le délicieux nectar pour lui tout seul, et chassait tous ceux qui osaient s'approcher de la mangeoire, donnant lieu à des courses poursuites en vol dignes de Star Wars !


Jardin du musée de Leymebamba
Malgré son air torve, le lama n'a pas craché sur Sylv 







Le soir, nous avons pris un bus pour Cajamarca, quittant à regret ce coin du Pérou qui ne manque pas d'attraits.

Cajarmarca est une autre jolie ville coloniale, qui nous a surtout marqués pour ses églises aux façades richement décorées. Nous y avons passé deux jours, durant lesquels nous avons visité la ville, et deux sites archéologiques avec des tours. Le premier, les Ventanillas de Otuzco, un site funéraire très ancien. Malheureusement le guide était déplorable, et les autres lieux visités... surprenants. Au cours de l'excursion, nous avons ainsi eu l'occasion de voir également... un pont suspendu (le guide nous a quand même précisé qu'il n'était pas inca), un jardin d'hortensia cerné de boutiques à touristes, et ... une fromagerie ! Le plus étonnant, c'est que le fromage était bon (mais il faut dire que son fondateur est suisse) !

La cathédrale de Cajamarca
Les moto-taxis, omniprésents au Pérou

Ceviche de "conchas negras", un coquillage
Ventanillas de Otuzco
Le pont.
Loulou ne regarde pas !



Le lendemain, nous sommes allés à Cumbemayo, où, dans un très beau cadre (formations géologiques chouettes), se trouve un aqueduc pré-inca fonctionnant encore. Le travail d'ingénierie est impressionnant - mais le guide, entre explications plus que légères ("Regardez ce rocher, on dirait un pénis !") et logorrhées pseudo-intellectuallo-mystiques ("les centaures ont probablement existé"), n'était guère meilleur que celui de la veille (même agence, recommandée par le Lonely Planet... Note : 1- ne plus suivre les recommandations de ce guide ; 2- ne jamais réserver DEUX tours dans la même agence d'un seul coup).







Pour nous remettre de nos émotions, nous sommes allés passer le reste de la journée aux Baños del Inca, où l'on s'est offert un petit bain thermal dans une petite piscine privative, avant de prendre le bus le soir pour Caraz, où Sylv avait vécu plusieurs mois il y a 6 ans.