De Villa O'Higgins à Caleta Tortel : la Carretera Austral, c'est parti !

C'est avec joie qu'enfin nous avons entamé notre remontée vers le nord par la Carretera Austral, la ''Mecque du cyclotourisme" depuis quelques années. Et pour cause : route de ripio plutôt roulant, très peu de circulation, et surtout, paysages incroyables. On a vraiment eu l'impression d'être perdus au bout du monde,  en mode "Into the Wild" : la route, bordée de forêts humides telles des jungles, traverse d'immenses vallées surplombées d'imposants sommets couverts de glaciers qui crachent des centaines de cascades toutes plus impressionnantes les unes que les autres... Vraiment splendide !







Nous avons fait le trajet de Villa O'Higgins à Caleta Tortel (145 km) en deux jours plaisants mais costauds : pas mal de belles montées et descentes, et un sprint mémorable d'une demi-heure afin d'arriver juste à temps pour prendre un ferry pour traverser un bras de mer. Marie a cru faire une crise cardiaque ! Nous y avons d'ailleurs retrouvé Guillaume, Marine, et Barack ainsi que Colette et Gérald, deux vieux routards (enfin marins) français que nous avions rencontrés à Villa O'Higgins. Ils ont voyagé en bateau pendant 7 ans avec leurs deux filles : à côté, on est des petits joueurs !




Celui-la on l'a mérité de ferry !
Merci Pinochet pour la Carretera Austral ...


Nous sommes arrivés à Caleta Tortel le 21 décembre au soir, hésitant à y rester 3 jours jusqu'à Noël, ou à continuer jusqu'au prochain (plus gros) bled après un jour de pause nécessaire, en prenant le risque de devoir passer le réveillon tous seuls, perdus au milieu de nulle part (petite musique larmoyante)... Et finalement, le choix s'est fait rapidement : arrivés au village depuis 5 minutes, nous avons rencontré à l'office du tourisme deux amis de Julio, que nous avions contacté via Couchsurfing pour dormir chez lui (le village comptant 600 habitants, tout le monde se connaît), et quasi immédiatement Rule, l'un des deux copains, nous a invité à passer Noël avec eux ! En plus, il a prononcé les mots "asado" et "cordero" (agneau)... Ok, on reste !
Du coup, on a passé 4 jours à Caleta Tortel, petit village posé au bord d'un bras d'océan unique en son genre : il ne possède aucune rue, seulement un réseau de passerelles en bois assez labyrinthique ! Joli et pittoresque !






Mais surtout, nous avons eu la chance d'être hébergés par le fameux Julio, absolument adorable. Nous étions ses premiers couchsurfers... en même temps que Cha Cha, une Chinoise hyper marrante... et Martin, Uriel et David, venus demander des infos sur une rando, tous arrivés le même jour par le plus grand des hasards ! Julio n'en a pas paru gêné et nous a accueillis avec beaucoup de simplicité et de générosité. Il nous a tous emmenés en bateau passer une journée et une nuit dans la maisonnette de campagne familiale, au bord d'une rivière aux allures de petit Amazone, et au sein d'une nature époustouflante. Nous nous sommes goinfrés du pain tout chaud de Julio cuit dans la traditionnelle cuisinière à bois, et accessoirement nous avons fait deux petites balades. La première à "l'Isla de los Muertos" (l'île des morts), où furent retrouvées une trentaine de tombes datant du début du 20e siècle... Il s'agirait de travailleurs d'une grosse entreprise qui seraient morts en hiver de ?? Empoisonnement ? Famine ? Scorbut ? Le mystère reste entier... En tout cas, le charme du lieu tenait plus à sa végétation exubérante qu'à ses quelques croix de bois... Puis Julio nous a montré son lieu de travail : une forêt-jungle toute moussue, car il vit principalement de l'exploitation du bois de cyprès. Il travaille encore très artisanalement, en sortant les troncs... sur ses épaules ! Très intéressant de découvrir son mode de vie.

Avec Julio, David, Martin et Uriel

Miam le pain tout chaud !



Cherchez les croix....

Nous sommes revenus à Caleta Tortel le 24. Cha Cha et Marie ont passé l'aprem à cuisiner, pendant que Sylv gagnait des sous (!) en déchargeant un camion avec Julio et Rule. Ensuite, ils ont tué un agneau, l'ont dépecé, etc. (c'est la tradition ici : certaines familles en font 2 ou 3 d'un coup...) ... malheureusement un peu tard pour lancer la cuisson "al palo" (voir photo) ; mais on s'est quand même bouffé deux gigots au four dans la soirée... Le réveillon s'est super bien passé, en compagnie de Julio, Cha Cha, Rule, et deux jeunes rastas qu'il hébergeait : l'Allemande Veronika et le Chilien Ignacio. Ça a donc été un Noël un peu décalé, durant lequel on a mangé des raviolis chinois, du "cordero " patagon, des gâteaux de Noël allemands, de la tarte aux pommes... en écoutant de la musique de nos pays respectifs, notamment "l'Internationale" en version rock chinois... On était un peu loin de l'ambiance "Mon beau sapin"! Le tout en picolant pas mal (dont du vin infusé aux fraises au sirop, pas mal), car ici le principe c'est de boire non-stop entre Noël et Nouvel An...
L'idée à la base était de repartir le 25, mais vu qu'on s'est levés à 14h et qu'au programme, il y avait asado de cordero, on est restés. Et rebelotte pour une soirée grosse bouffe, en mode orgie de viande délicieuse ayant cuit des heures au feu de bois : croustillante et fondante à la fois... miam ! Par contre, on a échappé de peu à une nouvelle crise de foie !

Rassurez-vous, ils n'ont pas tué l'agneau a la tronçonneuse !
Dégustation de raviolis chinois avec Julio, Rule, Veronika. Ignacio et Chacha
Cuisson du cordero "al palo"
En attendant que ça cuise...
Miam !!!
Après cette parenthèse fort agréable à Caleta Tortel, il fallait bien continuer notre chemin. Nous sommes partis le 26 de bon matin, sous la pluie, après avoir dit au revoir à Julio avec un pincement au coeur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire