Le Sud Lipez : un petit peu d'enfer pour beaucoup de paradis


Le vendredi 27 mars, nous avons enfin pu quitter San Pedro de Atacama, après une attente de quelques heures à la douane le temps que le col Hito Cajon par lequel on devait passer, et fermé depuis 2 jours (neige !), ouvre enfin... Cela nous a d'ailleurs permis de trouver quelqu'un pour nous monter dans son pick up : Julian, un sympathique Bolivien... car monter 2200 m de dénivelé en 44 km, bizarrement, ça ne nous faisait pas rêver!
Attente à la douane avec Julian
A Hito Cajon
Julian nous a déposés à l'entrée du parc... , où a vraiment commencé notre traversée du Sud Lipez, c'est-à-dire le Sud-ouest de la Bolivie. C'est une région qui par ses paysages nous attire depuis longtemps (Sylv y était déjà venu il y a 6 ans), mais qui nous faisait aussi plutôt peur d'après ce qu'on avait lu / vu sur des blogs / vidéos d'autres voyageurs à vélo.
Car se lancer dans la traversée du Sud Lipez à vélo, c'est savoir que l'on va affronter un peu d'enfer en route. Pour commencer, notre trajet s'est déroulé entre 3500 à 5000 m : à cette altitude, tout effort est démultiplié, le coeur s'emballe, le souffle se fait court ; on peut avoir la migraine, et / ou la nausée, on dort mal (surtout les premiers jours, après on s'habitue). L'altitude signifie aussi des nuits super fraîches dès le coucher du soleil (à faire geler l'eau dans nos bouteilles...) : du coup, repas à 18h30 maxi, et dodo avant 20h30 ! On a même eu de la neige le 1er jour ! Mais il faut dire qu'on était bien équipés (Marie s'était racheté une couverture polaire supplémentaire), et on n'a pas eu froid la nuit. 
Autre élément difficile : les routes - ou plus exactement les chemins car on n'a pas vu d'asphalte pendant 9 jours. Si on a été agréablement surpris par moments par rapport à l'état des chemins décrit dans notre guide (fait par d'autres cyclos), certains passages ont été très difficiles car techniques / crevants, avec un effet "tôle ondulée" (ouille ouille ouille, ça secoue la tête et ça tale les fesses !), et / ou des pierres, ou pire, du sable (soit tu t'enfonces et t'arrêtes net, soit tes roues chassent et tu dérapes), tout ça avec de la montée en option. Heureusement, on n'a que très rarement dû pousser nos vélos (alors que notre guide annonçait un ratio roulé / poussé de 70 / 30 %...).
Plein de traces... mais pas une de bonne ! (bel exemple de "tôle ondulée")
Ouh les cailloux...
Le sable, c'est mou !

Côté enfer, il y a aussi les dizaines de 4×4s de tours qu'on croise à certaines heures (seulement certains jours, Dieu merci), qui parfois ne ralentissent pas d'un poil et nous enveloppent d'un nuage de poussière suffocant, ou qui larguent des flopées d'autres touristes là où dix minutes avant on était bien peinards - ouf, ce n'est pas arrivé trop souvent !
Et dire qu'il y a quelques minutes, il n'y avait personne...
Autre problème : le peu de points de ravitaillement en (vraie) nourriture (c'est plutôt facile de trouver des chips, biscuits et autres merdouilles). Du coup, on a dû embarquer de quoi manger pour 10 jours (voir article précédent), histoire d'être tranquilles, soit pas mal de kilos chacun (en fait après 9 jours, il nous est resté plein de trucs, car on s'est payé un ou deux repas, on avait vu large, et surtout on mange moins en altitude... sinon, dure dure la digestion !) ! Pour l'eau, on a parfois porté l'équivalent de 2 jours de consommation (soit environ 8 kilos chacun), mais ce n'était pas vraiment nécessaire en fait car il y a des "refugios" (hébergements basiques) ou hôtels à intervalles réguliers. Pour éviter tout inconvénient gastrique, on a, pour la première fois du voyage, systématiquement traité l'eau pour boire (ou fait bouillir l'eau pour la cuisine).
Bref, ça a été costaud physiquement (et du coup mentalement) ; à cause de moyennes très basses (car en plus le vent ne nous a pas toujours été favorable...), on a fait plusieurs loooongues journées (8h30 - 18h, avec pauses hein !), et au bout du 7e jour, on a commencé à accuser le coup, et les deux derniers jours ont été durs et pas toujours funs,
Le soleil se couche, et on a toujours pas planté la tente...
Voilà donc pour le côté enfer, au final moins pire que ce à quoi on s'attendait : pas de grosse galère ni de coup dur, et pas de craquage en règle!
Côté paradis, on pourrait écrire des tartines sur la beauté des paysages à couper le souffle, qui changent sans cesse, et que 99 % du temps on peut admirer dans un calme absolu (le silence est parfois littéralement assourdissant) quand la plupart des touristes en profitent serrés à six dans une jeep cahotante ; on pourrait décrire les jeux de lumière et d'ombres sur les lagunes et les volcans, ou encore les nombreux animaux sauvages rencontrés en chemin... On pourrait dire l'immensité et la clarté des ciels la nuit, ou bien raconter tous ces petits bonheurs qui sont exaltés par l'effort et le sentiment de "mériter" (un super petit déjeuner qu'on se paie à l'hôtel, un pancake offert par une "cholita"', Bolivienne en habit traditionnel, une trempette dans une source chaude au bord d'un salar superbe, un sentiment fort de communion et d'harmonie avec la nature....).... On pourrait... Mais les mots ne rendent pas justice à ces lieux extraordinaires et encore - pour combien de temps ? - préservés ; alors autant passer directement aux photos, qui, elles aussi cependant, ne sont qu'un pâle reflet du paradis qu'est le Sud Lipez.
La Laguna Blanca



1er campement, au petit matin
Les volcans Juriques et Licancabur
Au loin, le désert de Dali


Les Termas de las Polques
Dure, la vie....


A 4900 m, plus haut que le Mont-Blanc !
Site des geysers / fumerolles Sol de Mañana




Bloubloup !
Kof kof ça pue l'oeuf pourri !
Arrivée sur la Laguna Colorado
Avec Isabel, "cholita" fort sympathique
Pancake d'Isabel, miaaam !
La Laguna Colorado
Smack !
L'Arbol de Piedra (arbre de pierre), érodé par le vent et le sable...
... ou plutôt "la Chanterelle Géante" selon Marie
Matrix, le retour




Petite pause avec Maurice, notre viscacha apprivoisée


Il est chou, hein. Maurice !?




Tiens, encore un renard !

La Laguna Hedionda


L´Hôtel "Los Flamengos" où on s'est payé une nuit...



... et un super petit déj !
Et on est repartis avec les restes du p´tit déj d'un groupe de touristes !


La Laguna Cañapa

Campement au bord du Salar de Chiguana
Le Salar de Chiguana


Champ de quinoa vers San Juan
Hôtel de sel à San Juan
Julaca, le Far West Bolivien

5 commentaires:

  1. Magique! Et félicitation! Bel exploit sportif ;)
    Fabien

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  2. Wahhh ! Majestueux paysages. Bon mental on dirait, bravo à tous les deux ! Le plaisir de la contemplation n'en est que grandi j'imagine...Bisous !

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  3. Fabuleux ! Les paysages, ce ciel étoilé, ces animaux qui oublient d'avoir peur de l'homme, particulièrement Maurice le "kangourapin"... Et fabuleux ce que vous avez fait (heureusement que vos malheureux parents ne se doutaient pas de ce que vous affrontiez !) Bravo les p'tits loups. On vous admire et vous envie. Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiisous
    Do Lou

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  4. La photo du campement au bord du Salar de Chiguana est superbe ! Tu peux l'envoyer au fabricant de la tente en question!
    =)

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  5. J'ai verse une petite larme en regardant les photos ... nostalgie, nostalgie ... j'aurais du rester en AMS ... chapeau a vous deux, apparement ce n'etait pas de la rigolade mais le jeu en valait la chandelle ! Profitez un max de la Bolivie !! Bisous a vous deux.
    Thibaut

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